Yaovi Agbewonou, co-fondateur Dashmake : « Briser le mythe d’un pays et d’un continent en retard en termes de technologie »

TIC
vendredi, 29 mars 2019 17:42
Yaovi Agbewonou, co-fondateur Dashmake : « Briser le mythe d’un pays et d’un continent en retard en termes de technologie »

(Togo First) - 25 octobre 2018, Cap Town en Afrique du Sud, l’application Sos System de la startup Dashmake est lauréate du Prix Anzisha du « choix du public ». Rebelote quelques mois plus tard, en février 2019 où la même application séduit le jury du Prix Total Startupper de l’année et s’adjuge la 1ère place. La startup encore inconnue il y a un an se voit projetée en pleine lumière et veut capitaliser sur ce succès pour réaliser ses rêves de promotion d’un entrepreneuriat social, utile et innovant. Togo First a rencontré son porte-voix. Interview.

T.F : Avant de parler de votre application, présentez-nous votre startup.

Yaovi Agbewonou : Dashmake, qui pour nous veut dire « fabrique de traits », a été fondée par 4 jeunes. L’idée à la base c’était de créer une entreprise capable de développer des solutions permettant de lier les utilisateurs, un peu grâce à des traits d’union, « dash ». Au départ c’était juste un club de passionnés d’informatique que nous avons mis en place. Nous créons des logiciels et des solutions informatiques destinées aux entreprises mais aussi au grand public. Etant jeunes et dynamiques, nous avons pensé que nos solutions devaient apporter une valeur ajoutée à des secteurs restés jusqu’ici classiques, sans grande innovation technologique. C’est dans ce cadre que nous avons développé Sos System dédié à la santé, ou encore FarmApp dans le domaine de l’agriculture que nous prévoyons de lancer d’ici la fin de l’année ou début 2020 si tout va bien. Cette dernière permettra de révolutionner le domaine de l’élevage.  

T.F : On va maintenant s’intéresser à l’application qui vous a révélé, Sos System. Qu’est-ce-que c’est ?

Y.A : C’est un système informatique de gestion, de géolocalisation des sinistres, destiné aux assurances et aux secours, qui résout les problèmes de prise en charge adéquate des victimes et d'informations de santé des populations.

Il est constitué de 2 applications phares, SOS Mobile et SOS Ask, plateforme de diffusion des campagnes de sensibilisation sur la santé. Il y a aussi une interface de supervision, SOS Superviseur conçue pour localiser et gérer sur une carte, les signaux émis par les utilisateurs de la plateforme mobile. Elle est dédiée aux secouristes.

Vous lancez un signal en prenant une photo de ce à quoi vous assistez et vous l’envoyez. Nous réfléchissons sur certaines améliorations qui vont se faire cette année. Nous voulons simplifier au maximum SOS et la rendre plus soft et plus facile dans son maniement. Qu’elle soit la première plateforme digitale à proposer des produits d’assurance, qui correspondent à des besoins spécifiques de nos utilisateurs. L’assureur ne présente plus un large éventail de produits, mais propose le produit qui est adapté au client qui utilise notre application. Ceci sera dans le cadre d’un partenariat avec les assureurs.

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T.F : Parlons justement des assureurs. Comment perçoivent-ils votre application ?

Y.A : Nous avons travaillé en version test avec le département sinistre de NSIA-Togo, et c’est encourageant parce que l’idée en soit est innovante. Pendant longtemps, les assureurs ne sont pas arrivés à toucher le grand public. Ils ne touchent, soit que des entreprises, soit une classe aisée, mais la grande masse est encore délaissée. Après, nous allons l’étendre aux autres structures d’assurances.

T.F : Votre application est basée sur internet. Ne craignez-vous pas qu’elle ne suscite de l’engouement dans les zones à faible pénétration internet ? Le terreau est-il favorable ?

Y.A : Oui, nous pensons que le terreau est favorable. Par exemple, lorsque la version 1.0 de l’appli a été lancée, nous avons eu beaucoup de retours d’utilisateurs par rapport à l’instabilité internet, entre autres. Et aujourd’hui, la version 3.0 intègre une innovation intéressante : sans connexion vous pouvez lancer le signal et le système derrière donne aux secours vos latitudes et longitudes. Même sans photo, même sans interaction avec l’application, il y a un signal qui part et qui se retranscrit sous forme de SMS.

D’ailleurs, la version 2.0 permettait de lancer le Numéro vert automatiquement, lorsqu’il n’y avait pas de réseau. Cela vous permet d’appeler les secours.

Dans une certaine mesure, nous avons pris le Togo comme un laboratoire qui va nous permettre d’atteindre notre vision, parce que SOS n’est pas fait pour le Togo uniquement, mais pour l’Afrique et le monde. D’ailleurs notre application a cette particularité d’être répliquée très aisément dans d’autres pays. Nous sommes en train de prospecter sur les marchés en Côte d’ivoire, au Ghana, au Sénégal, au Maroc et au Gabon. Nous avons déjà entamé des discussions avec des partenaires là-bas.

T.F : Avez-vous bénéficié d’un accompagnement ?

Y.A : Oui en 2016, nous avons gagné le 2ème prix du concours AppsTogo lancé par le ministre de l’économie numérique et des innovations technologiques, et nous avons bénéficié du mentorat du Faiej qui nous a appris les rudiments de la préparation des projets entrepreneuriaux, notamment la rédaction de business plan. Aujourd’hui nous avons d’ailleurs considérablement avancé dans la recherche et la mobilisation de financement pour nos projets.

L’année qui a suivi, nous avons remporté le Prix Jambar Tech Lab qui récompense les meilleures innovations technologiques en Afrique francophone. Ce qui nous a donné droit à une incubation par le CTIC Dakar. Nous sommes l’une des rares entreprises basées au Togo mais incubées par le CTIC, qui ne prend généralement en charge que les startups sénégalaises. Si tout va bien sur le plan local avec Djanta Tech Hub, nous pourrions bénéficier de l’accompagnement et de financement à ce niveau.   

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« Nous voulons avoir plus de capital pour pouvoir développer de nouveaux trucs et offrir de meilleurs services. »

T.F : Quels sont vos challenges et ambitions ? 

Y.A : Avoir encore plus de crédibilité et atteindre cette année 250 000 utilisateurs. Plus d’un millier de Togolais utilisent aujourd’hui SOS System. Nous pouvons y arriver même si c’est difficile. Nous voulons avoir plus de capital pour pouvoir développer de nouveaux trucs et offrir de meilleurs services.

A côté, Dashmake travaille sur deux prototypes. Un bracelet à code QR, SOS Bracelet, qui servira de carnet de santé numérique, puisque nous sommes partis du constat selon lequel il n’y a pas de carnet de santé numérique. Aujourd’hui, vous achetez un carnet, on vous fait les soins, demain vous l’oubliez, et vous en achetez un nouveau en cas de pépin. Il n’y a aucun suivi. Donc avec un bracelet connecté, à code QR, qui sera vendu dans des pharmacies, vous permettra, lorsque vous allez dans un hôpital ou dans une clinique, de faciliter les choses.

Le deuxième prototype est un système embarqué pour véhicule.

Propos recueillis et retranscris par Ayi Renaud Dossavi & Octave A. Bruce

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